Partie de dés automnal

Cling, cling, cling...

Gwarelin faisait tourner une pièce en cuivre sur le comptoir en bois de sa main droite, l'autre soutenant sa tête devenue lourde en fin de soirée. Il avait terminé de remettre en ordre la Taverne. Son seul problème tournoyait sur le comptoir. Il ne lui restait qu'une pièce de cuivre et rien d'autre. Certes, il pourrait vendre quelques tables ou bancs, mais dans l'état où ils étaient qui les voudraient? Leur surface était parsemée de coup de couteaux, de sculptures de clients ennuyés. Et puis, une taverne sans banc ni table pour manger et boire, ça n'avait pas beaucoup de sens.
Il lui fallait donc trouver un autre moyen de gagner de l'argent.
Soudain, une idée s'imposa à lui! Il fallait propose aux clients quelque chose de ludique, quelque chose qui les inciterait à rester et à boire! Son esprit se focalisa sur une chose uniquement: les paris, les jeux de dés.

Il courut au marché dépenser sa dernière pièce pour une pancarte et un sac contenant trois dés. Une fois dans le bâtiment, il prit un fragment de charbon dans l'âtre et écrit sur le morceau de bois: "Jusqu'où ira-t-il? Partie de dés!", et accrocha avec quelques clous dénichés dans un vieux tiroir son écriteau au mur de son enseigne. Les gens viendraient, il en était sûr.

Elle ne savait pas trop pourquoi elle marchait avec elle. Elle ne savait plus trop du tout même. Elle n'ouvrait pratiquement pas la bouche. Si Fù était plutôt résistante et avec un caractère fort, elle ne rechignait pas à être portée. Elle tendait parfois des bras implorant plus souvent que nécessaire. Pour le plaisir de se sentir entourée, de sentir le léger parfum de sa compagne de route, sa chaleur douce. Sa joue contre son dos, les yeux fermés elle rêvassait ou dormait même. Elle se sentait assez bien. A vrai dire elle ne savait pas trop, puisqu'en ce moment elle rêvait. Et parfois, elle avait peur que ce ne soit vraiment un rêve et que son chevalier ne s'évapore. Elle ne savait même pas son nom. Elle devait avoir beaucoup de préoccupations, la petite le comprenait à son attitude, à leur course à travers le pays, ou plutôt fuite. Elle le comprenait aux expressions que dégageaient la femme, la petite fille silencieuse analysait tout. Dans les moindres détails.

C'est la chaleur soudaine qui la réveilla. Plus de pluie ? Non plus de pluie. Un endroit un peu bruyant. Elle gigota et se laissa glisser du dos de la femme qui devait en avoir un peu marre de la porter. Ou en tout cas être vraiment fatigué. Elle devait vraiment être préoccupée pour avoir voyagé ainsi, s'être tant cachée. Elle glissa sa petite main dans la sienne et se colla à sa jambe. Passant une tête curieuse de derrière elle. Elle plissa son petit nez et regarda la salle d'un œil curieux. C'était bon d'être à l'intérieur. Elle regarda un peu chagrinée sa robe toute mouillée. Elle tira un peu sur un de ses pans, le tissu était rêche et usé.

C'est endroit lui semblait chaud, doux. Tout ce qu'il lui manquait. Elle se tourna vers la femme. Et pour la première fois ouvrit la bouche. Elle avait bien réussi à se faire comprendre par des gestes et gémissements. Elle tira deux petits coups secs sur la main pour attirer l'attention de l'elfe. Relevant son petit minois vers elle.

On est où m'man ?

Puis sans attendre sa réponse elle commença à la tirer vers le feu. Ah comme il devait faire meilleure vers ce foyer. Elle sourit et la tira encore. La fatigue, la faim et la peur s'envolèrent un peu et elle retrouva son visage enfantin et innocent.

On va près du feu m’man ! J’suis toute mouillée ! On va vite sécher !

Et la petite sautillait et lui tirait le bras à coup d’exclamation ravie. Elle ne voulait pourtant pas la lâcher sa main, surtout pas. Elle ne voulait pas être toute seule. Et c’est pourquoi elle la tirait à grand coup de « viens m’man » Et de ce charment tableau qu’elles offraient on aurait bien cru à s’y méprendre que la voyageuse était la mère de la gamine. Oui, à voir comment l’enfant la regardait, un regard plein d’amour, d’excitation et de complicité.

[27 novembre]

Son jeu avait rencontré un vif succès! Et tant mieux d'ailleurs, il le sauva d'une pauvreté assurée. Même des troubadours étaient venus, jouant sur leurs crincrins et leurs flûtes des aires joyeux; en bon tavernier, il leur offrirait le repas contre de la musique, c'était la tradition.
Dans le bruit ambiant il ne remarqua pas une elfe venir vers lui. Ils discutèrent un long moment, négocièrent quelque chose. Gwarelin, qui voulait tout d'abord refuser la proposition dangereuse, se rendit très vite compte qu'il ne pourrait le faire. Les ordres étaient les ordres, il devait les exécuter. Mais la dame lui demanda autre chose: de prendre la petite Fù avec lui. Pour sa sécurité à elle.
Il l'observait près du feu, tenant dans ses mains une tasse préparée par ses soins avec de la valériane, qu'elle tendit à la petite qui s'endormit très vite. Le lendemain, lorsqu'elle se réveillerait loin de Tàri, elle se rendrait compte que la dame l'avait laissée et ne souhaitait pas la revoir de sitôt.

Zelda Gil-Galen, ex-souveraine des elfes sylvains et actuelle souveraine inactive des elfes sylvains se réveilla d'un très long sommeil; elle dormait depuis des heures, voire des jours ou peut-être même des mois. Ou avait-elle éventuellement effectué toutes ses simples tâches de souveraine de la chope inconsciemment depuis des lustres.
Désormais, il lui faudrait être un peu plus présente! Elle sorti remarqua que l'air paraissait neuf, quelque chose avait changé.